Anthony Mungin, on TV in France, 2000
Reportage S. Vibert pour Envoyé Spécial pour France 2 TV, 2000.
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Anthony Mungin on TV in France, 2012
Enquête Exclusive, Bernard de la Villardière, M6 TV, 2012
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Le dossier en resumé
Anthony a commis des erreurs par le passé qu'il a toujours reconnues. Lorsqu'il avait 24 ans, sous l'influence de la drogue, il a fait un double braquage a main armée, dans le contexte duquel il a blessé deux personnes.
Toutefois, il a toujours maintenu son innocence dans un meurtre, commis avec la même arme, et pour lequel il a été condamné à mort. Voici son histoire. Les erreurs d'Anthony Au cours de l’été 1990, à l’âge de 24 ans, Anthony est un petit dealer de drogue à Kingsland, en Georgie. Mais c’est à Jacksonville, en Floride, qu’Anthony achète sa drogue et qu’il deale la plupart du temps avec un homme nommé Ice. A cette époque, Anthony a besoin d’argent et Ice l’incite à commettre des vols. A Jacksonville, les gens sont pauvres, c'est une ville ou les gangs s'affrontent, et la violence y est permanente. Par exemple, il y a deux fois plus de crimes violents à Jacksonville que dans le reste des USA. Les armes changent de main rapidement. Une arme peut servir à plusieurs personnes. Le vendredi 14 septembre 1990, Ice prête son revolver à Anthony. Ce jour-là, sous l’emprise de la drogue, Anthony Mungin commet un vol à main armée dans une station essence à Monticello, Floride, et le braquage d’une bijouterie dans le Tallahassee, blessant deux personnes avec l’arme de Ice. Les deux victimes survivent à leurs blessures. Plus tard, Anthony s'excusera a la Cour. Anthony rejoint sa voiture et roule jusqu’à Jacksonville et rend à Ice sa voiture volée, son arme et lui demande de s’en débarrasser. Anthony part ensuite en Georgie pendant les deux jours suivant. Le jour du meurtre Le dimanche matin 16 septembre 1990, le jour où un meurtre sera commis, entre 13h45 et 14h00 lors d’un braquage dans une station service, Anthony Mungin a des témoins qui peuvent lui fournir un alibi mais ils ne seront jamais ni investigués, ni présentés au procès. Le dimanche matin, Anthony est en Georgie, avec sa cousine Angie Jacobs. A 10h30, Anthony se rend jusqu’à un magasin à deux blocs de chez lui. Il rencontre un vieil ami, Brian Washington et lui demande s’il peut le conduire jusqu’à Jacksonville. Brian accepte. Entre 11h30 et 1400, Brian passe chercher Anthony. Ils arrivent à Jacksonville vers 13,00 Brian laisse Anthony au 27th Stuart Street où Anthony rencontre Philip Levy, un vieil ami. Ils parlent pendant environ 15 minutes et Anthony dit à Philip qu’il se rend chez son ex petite amie, Donetta Due, au 28th Street. Mais Donetta n’est pas chez elle. Cependant, sa grand-mère est là, Mrs Cora Reid. Il parle avec Mrs Reid pendant environ 25 minutes. Après l’avoir quitté, il rencontre Philip et Vernon (« Tank ») et reste avec eux pendant un peu moins d’une une heure. Dans l'après midi, Anthony marche jusqu’au 22nd Myrtle Avenue pour voir si Ice pourrait lui prêter une voiture afin qu’il se rende à Pensacola, Floride, pour voir sa petite amie. Anthony parle brièvement à Ice et Ice lui parle d’une voiture blanche au coin de la rue. Ice le prévient que les clés et le revolver sont sous le siège. C’est la dernière fois qu’Anthony voit Ice. Anthony se rend à Pensacola avec la voiture volée de Ice et avec le revolver pour les deux prochains jours. L’arrestation Le mardi 18 septembre, Anthony quitte Pensacola avec l’idée de ramener la voiture à Jacksonville et de se débarrasser de l’arme dans les bois, plus tard. Une fois chez lui, la police vient l’arrêter. Ils trouvent l’arme de Ice. Anthony se rend et est placé en détention. Le Sheriff de Camden County, Mr William Smith, interroge Anthony la nuit de son arrestation. Conscient de la gravité de ses actes, Anthony soulage sa conscience et avoue. A ce moment précis, Anthony ne sait pas encore si les victimes ont survécu ou pas à leurs blessures. Pourtant, il raconte tout à la police. Il sait qu’il est coupable de deux braquages mais quand le Sheriff le questionne sur un troisième braquage, Anthony nie toute implication: il n’est pas au courant. Anthony est emprisonné à Monticello, Floride où Il est condamné à 20 ans de prison pour braquage à main armée ; il reçoit également une double sentence à vie à Tallahassee pour braquage à main armée et tentative de meurtre. Devant la cour, il s’excuse auprès des personnes qu’il a blessées. Il est alors transporté à Leon County à Tallahassee en Floride. Pendant sa détention, un détective de Jacksonville, vient l’interroger sur un autre vol et meurtre. Betty Woods, une responsable de magasin, a été assassinée le dimanche 16 septembre entre 13h45 et 14h dans un magasin sur la I-10 de Jacksonville. Elle est morte de ses blessures quatre jours plus tard, à l’hôpital. Anthony dit au détective qu’il ne sait rien de cette histoire. Le Procès Après cet incident, Anthony est renvoyé en prison. Les autorités de Jacksonville le condamnent pour vol et meurtre au premier degré sur la personne de Betty Woods. Anthony passe devant le Juge Tygart qui renvoie l’affaire pour manque de preuves car le motif de vol ne peut être prouvé. Anthony est renvoyé en prison. Trois mois plus tard, on le rappelle à la barre. Anthony passe devant le Juge Southwood. Ses défenseurs commis d’office sont Charles Cofer et Buzzell. Anthony leur dit exactement ce qui s’est passé et leur explique ses alibis pour prouver qu’il n’était pas là au moment du meurtre. Malheureusement, les preuves d’Anthony n’ont jamais été vérifiées. La thèse de l’accusation repose sur un témoin clé qui serait arrive en premier sur la scène du crime: Ronald Kirkland. Le jour du crime, Ronald Kirkland a donné une description de l’homme qu’il a vu dans le magasin. Il a dit à la police être arrivé en premier sur les lieux du crime et avoir vu un homme noir très foncé de peau qui doit avoir 37 ans avec une grosse barbe et des cheveux bouclés pesant dans les 130 Ibs et mesurant entre 5’8’’ et 5’10’’. Dans sa déposition du 18 juin 1992, Kirkland dit au détective Conn qu’il ne pourrait pas jurer que l’homme qu’il a vu est Anthony Mungin. Anthony, qui a 24 ans au moment des faits, paraît plus jeune que son âge et ne porte pas de barbe. Il est imberbe. Il a les cheveux coupés courts à la militaire et a été décrit par un témoin sur les lieux de ses deux braquages, comme un jeune homme de 18 ou 19 ans. Il n’y a donc aucun point commun entre les deux descriptions de ces témoins. Ronald Kirkland, qui disait qu’il ne pouvait pas identifier Anthony, change de version au cours du procès, deux ans après les faits. Il dit au jury qu’il ne se souvient pas de ce qu’il avait dit dans sa déposition et qu’Anthony est bien l’homme qu’il a vu sur les lieux du crime. Les défenseurs d’Anthony ne présentent aucune objection. Nouvelles preuves Après ce procès, cela a pris plus de 10 ans pour retrouver les témoins qui auraient pu en fait fournir un alibi a Anthony ce jour là, et qui n'avaient jamais été investigués ni présentés au procès, par l'avocat commis d'office. Cela a pris 17 ans pour retrouver un témoin clé, un homme d'affaires respectable, qui déclare être arrivé en premier sur la scène du crime, réfutant ainsi le témoignage de Ronald Kirkland, le témoin présenté au procès. Ronald Kirkland était un homme au passé criminel rempli et déjà beaucoup de doutes pesaient sur lui au moment du procès. En vérité, le témoin arrivé en premier sur la scène du crime, témoigne aujourd'hui en faveur d'Anthony: Il a bien vu quelqu'un sortir du magasin, mais il n'aurait jamais pu dire de qui il s'agissait. Il avait donné son témoignage à la police à l'epoque, mais n'avait plus été jamais contacté ensuite. Il apparait que son témoignage a été écarté du rapport de police. Aujourd'hui, il dit que le rapport de police rapportant les faits est faux. L'avocat d'Anthony à l'époque, est aujourd'hui devenu juge. Lui aussi s'élève a présent pour dire que cela aurait fait une différence importante au procès, si on avait pu produire ce nouveau témoin. Il déclare: Le témoignage de M. Brown contredit la version des faits, telle qu’elle a été donnée par le témoin à charge, Ronald Kirkland, de plusieurs manières importantes. (…). Je pensais que la version donnée dans le rapport de police était correcte, personne de l’équipe de la défense n’a contacté M. Brown avant le procès. Si la Partie civile m'avait fourni un rapport exact des faits, contenant la version de M. Brown, cela aurait pu faire une énorme difference dans la façon dont on aurait présenté le dossier de M. Mungin. L'affaire est en cours et Anthony espère un nouveau procès. Comment pouvoir maintenir une condamnation à mort, si fragile au départ (7 voix contre 5)? Un juge de la Cour Suprême de Floride, Justice Anstead, s'était déjà montré en faveur d'un nouveau procès, au moment du tout premier appel d'Anthony dans la mesure ou le motif de vol n'a jamais été officialisé, et dans la mesure ou la préméditation ne peut être prouvée, comme l'a déjà jugé la Cour Suprême de Floride elle-même. Il a écrit dans une opinion vigoureuse: "Je demanderais une nouelle audience dans ce dossier et une procédure pour un nouveau procès, basé sur notre conclusion du manque de preuve de toute préméditation. Mungin n'a pas même été inculpé de vol ou de tentative de vol. (...) La preuve [de vol] est, au mieux, faible et certainement pas suffisante pour rendre l'erreur d'instruction du jury sur la préméditation, sans conséquence, au delà du doute raisonnable. (...) Il existe un sérieux nombre de lois déterminant que lorsqu'un jury est instruit de prendre en compte l'un ou l'autre de deux motifs pour rendre un verdict, et que l'un de ces motifs est erroné, comme l'est ici la préméditation, le verdict doit alors être mis de côté, car il peut très bien avoir été rendu exclusivement à partir du mauvais motif." La Floride est le seul état aux USA qui ne demandent pas l'unanimité du jury pour condamner un homme à mort. C'est aussi l'état où il y a eu le plus d'exonérations de prisonniers, et des sénateurs poussent aujourd'hui pour que la loi soit changée. Cliquer ici pour en savoir plus. Cliquer ici pour lire article sur erreurs de justice aux USA dans les procès de peine capitale. |
The case summary
Anthony has made mistakes in the past. He committed two armed robberies for which he accepts full responsibility and punishment. However, he has always maintained his innocence in a murder, committed a few days later with the same weapon, for which he was condemned to death. Here is his version of the story.
Anthony's mistakes In 1990, at the age of 24, Anthony made a living as a small-time drug dealer in his hometown of Kingsland, Georgia. In nearby Jacksonville where he went to buy drugs he mostly dealt with a man known to him only as "Ice." At a moment when Anthony was desperate for money this man introduced him to another trade of hustling—armed robbery. In Jacksonville, people are poor and guns can be shared. It is a violent city. For example, there are twice as many violent crimes in Jacksonville than in the rest of the USA. Weapons can change hands rapidly. A weapon can be used by different people. On Friday September 14th, 1990, Ice lent Anthony his gun and against his own misgivings and better judgment Anthony used it. That day he robbed a gas station and a jewellery store near Tallahassee, Florida, injuring two people with Ice’s gun. Both of his victims survived. Later Anthony will apologize in court. Before returning to Georgia on that day Anthony gave Ice back his gun and his car, and asks him to get rid of it. He then goes to Georgia for the next two days. The murder day On the day the murder is committed (Sunday September 16th, 1990 between 1.45pm and 2.00pm), Anthony Mungin has got witnesses who could provide him with alibis. But they are not investigated, nor presented at trial. He spends the morning in Georgia with his cousin Angie Jacobs. 10.30 am : He meets an old friend, Brian Washington, and asks him if he can drive him to Jacksonville. Brian accepts Between 11.30 am and 2.00 pm : Brian collects Anthony. They arrive in Jacksonville between 12.45 and 1pm. Anthony meets then an old friend, Philip Levy. They talk for about 15mn and Anthony tells him that he’s going to go to ex girl friend, Donetta Due, on 28th street. Donetta is not at home, but her grand mother, Cora Reid, is and they talk for about 25 mn. He then meets Philip and Vernon (“Tank”), who he stays with for just under one hour. In the afternoon, Anthony walks to 22nd Myrtle Avenue to see if Ice can lend him a car so that he can visit his girlfriend in Pensacola, Florida. Anthony talks briefly to Ice, who tells him about a white car around the corner . Driving off, Ice told Anthony that the gun was in the car he was lending him. Anthony then goes to Pensacola to see his girlfriend with Ice’s car and the gun for the next two days. The arrest On September 18th, Anthony leaves Pensacola to take the car back to Jacksonville and get rid of the gun. However, it is too late and the Police arrested him at home. Anthony gave himself up and they found the gun. He was arrested and taken to jail. The Sheriff of Camden County questioned him and Anthony, who was relieved to have been caught because what he’d done was weighing on his conscience, told him the truth. At the time he didn’t know whether his two victims had lived or died. Yet he told the truth. He knew he was guilty of two robberies, but when the Sheriff questioned him about a third robbery he had no idea what he was talking about—and told him so. Weeks later Anthony was extradited to Monticello, Florida. He received 20 years for armed robbery and attempted second-degree murder. In court he apologized to the man he had shot. He then was transported to Leon County in Tallahassee, Fla. where he received two life sentences running concurrent for armed robbery and attempted murder. He was also habitualized. While in Tallahassee a detective from Jacksonville, came to question him about another robbery and murder. Betty Jean Woods, a convenience store clerk, had been shot on Sunday, September 16th between 1:45 p.m. and 2 p.m. in the lil Champ store off interstate I-10 in Jacksonville. She died in the hospital four days later. Anthony told the detective he knew nothing of this. The trial Not long after this incident Anthony was sent to prison. Four months into his concurrent life sentences, the Jacksonville authorities charged him with robbery and first-degree murder of Betty Woods. Anthony went before Judge Tygart who dismissed the case for lack of evidence. Anthony went back to prison. Three months later Jacksonville returned for him. This time the robbery charge was dropped and Anthony went before Judge Southwood and the case went to trial. Anthony’s court-appointed public defenders were Mr. Cofer and Mr. Buzzell, both from the public defenders office of Duval County in Jacksonville. Anthony told Cofer and Buzzell exactly what happened and told them of his alibis. Unfortunately, his case was never investigated. The case of the Prosecution relies on one key witness who claimed he arrived first at the murder scene: Ronald Kirkland. The day of the crime Kirkland gave a description of the man he saw leaving the store. He told police he saw a very dark-skinned black male who he guessed might be 37 years old with a full beard and long jerry curl, weighing 130 lbs. and 5’8" or 5’10" tall. When he learnt this he knew he had been set up. In Kirkland’s deposition with the detective four days after the incident and also in his June 18th, 1992 deposition, Kirkland told the detective he could not swear in court it was Anthony Mungin. Anthony, who was 24 years old at the time but looked far younger, was clean-shaven. He had a short military haircut and was described by witnesses who saw him in the Tallahassee and Monticello robberies as between 18 and 19 years old. There’s a vast discrepancy between these different witnesses’ descriptions. Kirkland, who said he couldn’t identify Anthony under oath, changed his story during the trial, two years after the fact. He told the jury he didn’t remember saying the things written in his deposition and that Anthony was, in fact, the man he saw that day. Anthony’s public defenders raised no objections. New evidence After the trial, it took 10 years to retrieve the witnesses who could have provided an alibi for Anthony on that day. None of Anthony’s alibis were investigated before or presented at his trial. It took 17 years to find out that the real witness arrived first on the scene of the crime, a honorable citizen, was put aside from the police report. Ronald Kirkland was a witness with criminal charges against him. The new witness testifies today in favor of Anthony: He arrived first at the crime scene. He saw indeed someone coming out of the store, but he could never have told who it was. He gave his deposition to the Police at the time, but was never contacted after that. His version of the facts was not included in the police report. Today, he maintains the police report is false. Anthony's attorney at trial has since become a judge. He also raises his voice to say that it would have made a significant difference at the trial, should he have been in a position to put the new witness on the stand. He declares: M. Brown's affidavit contradicts the version of events as testified at trial by the State's key witness, Ronald Kirkland, in many significant ways (...) Because I relied on the veracity of the police report, apparently noone from the defense team contacted or spoke with M. Brown prior to trial. Had the State provided me with an accurate report containing the true version of events that M. Brown witnessed, this would have made a tremendous difference in terms of the presentation of M. Mungin's case. Anthony, who had been sentenced to death by a vote of 7 jurors against 5 is now hoping for a new trial. A judge from the Florida Supreme Court, Justice Anstead, had already stated he was in favor of a new trial, at the time of Anthony's direct appeal as Anthony was never charged officially with robbery or attempted robbery, and as premeditation cannot be proven in his case (as ruled by the Florida Supreme Court). He stated: "I would grant rehearing in this case and reverse and remand for a new trial upon our conclusion that the evidence was insufficient to sustain a finding of premeditation (...). Mungin was not even charged with robbery or attempted robbery (...) - the evidence is thin at best, and certainly not strong enough to render the trial court's error in instructing the jury on premeditation harmless beyond reasonable doubt. (...) There is a serious body of caselaw which states that where a jury is instructed that it can rely on any of 2 or more grounds to support a single count, and one of those grounds was improper, as the premeditation theory was here, a general verdict of guilt must be set aside, because it may have rested exclusively on the improper ground." Florida is the only State, which doesn’t need the unanimity of a jury to apply the death penalty. It is also the State where there has been the biggest number of exonerations. Senators are trying to have the law changed (click here to find out more) |